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ÉTUDE
HABILIS

HABILIS est une étude exploratoire, menée entre 2020 et 2022, orientée sur la mise en valeur du patrimoine immatériel. À partir de août 2023, le projet passera à la phase de création en vue d’une exposition d’envergure présentée à l’Écomusée du fier monde de Montréal, de la mi-juin à la mi-octobre 2024.
Le patrimoine culturel immatériel, celui qui se transmet par la parole et le geste, est sans doute celui auquel Pierre Fauteux est le plus sensible. C'est peut-être sa formation d'anthropologue, ou simplement sa vision humaniste, qui poussent son admiration pour l'imagination, l'accomplissement et le savoir-faire humain.
Par une série de photos noir et blanc, Pierre vous présente le fruit de ses rencontres avec des gens, tous de grande taille, qui savent ô combien de choses et qui contribuent à maintenir vivants les patrimoines.
Ancre 1

LE TAILLEUR
Nicolas est Grec et fier. Il est arrivé au Québec il y a trente ans, une paire de ciseaux dans sa valise. Ils s’endormiront ce même jour où Nicolas prendra sa retraite.
Installé à sa machine à coudre bien en vue derrière la vitrine du nettoyeur de quartier, l'homme aux mains sûres fait des retouches pour les clients qui souhaitent raviver leurs vêtements chers.
Je m'étais annoncé la veille et Nicolas m'attendait, mine de rien. J'ai tout de même remarqué qu'il portait pour l'occasion sa belle chemise à la poche brodée de ses initiales NN.
Ancre 2
L'ÉBÉNISTE
Marlène est Française. Elle est venue au Québec pour y vivre ses rêves. Aventurière? Oui, mais timide aussi.
Entourée d'hommes, elle travaille dans un atelier qui fabrique les décors de nos pièces de théâtre. Cette jeune femme est appréciée au sein de l'équipe, mais on ne la ménage pas. Elle ne le souhaite pas, d’ailleurs.
Elle est arrivée avec un trousseau vide, sans expérience. C'est Rémi, le chef d'atelier, qui lui fait cadeau de tous ses savoirs, heureux de les transmettre.
Marlène a regagné la France il y a deux ans avec une poignée du savoir-faire québécois dans ses poches. Qu’advient-elle maintenant?

Ancre 3
Ancre 5

LE LUTHIER
L'atelier du luthier Jules Saint-Michel est connu de tous les violonistes de Montréal et son savoir-faire n'a plus de frontières. Depuis plus de quarante ans, on confie à Jules parmi les plus beaux instruments du monde, confiants qu'il les traitera avec amour. Il les aime tant qu'il nous accueille, depuis 1999, dans un économusée au second étage de son univers à cordes.
Jules n'était pas là le jour de ma visite, mais trois luthiers travaillaient avec ses mains à lui. Passionné, Jean est venu de France pour apprendre du maître. Il donnait à un heureux violon une clé neuve et une couche de vernis bien poli. Un métier taillé pour lui, qu'il me disait.
L'endroit sentait l'acétone et le travail bien fait.
LA CÉRAMISTE
La boutique de céramique de Catherine Auriol est une institution à Montréal.
Depuis 1999, l’artiste crée des pièces aussi uniques qu’elle. Il n’y a pas deux Catherine. Audacieuse, investie, persévérante et généreuse. En plus de vendre ses propres créations, elle fait depuis toujours la promotion du travail d’autres céramistes de talent, tous des artistes de la terre. Catherine forme les pots, mais les céramistes aussi.
Un jour, un vendeur me prête un appareil photo Leica pour que je l'essaye. J’appelle Catherine, que je connais un peu, et lui demande de m’accueillir dans son univers quelques heures. Pas de problème ! Demain ?
L'appareil est une merveille. Cette belle rencontre m'a finalement coûté très cher.


LE PHYSIONOMISTE
Hossein Padar a appris son métier de son père. Il ouvre, en 1974, son atelier en plein cœur de Montréal, rue Sainte-Catherine.
L'artiste et homme d'affaires ne travaille plus mais son établissement lui survivra. J'y suis allé pour faire ajuster un complet qui ne m'a jamais fait. Le jeune tailleur syrien qui s'occupe de moi semble avoir cinquante ans de métier tellement il ajuste bien, à coups d'aiguille, ce coton brossé à ma peau.
Je dois revenir dans deux semaines pour l'essayage et je lui annonce que j'apporterai mon Rolleiflex. Minutieux jusqu'aux os, il insistera ce jour-là pour reprendre la taille qui ne répond pas encore aux standards d'Hossein.
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